Les dérailleurs électriques: révolution ou simple tendance ? (suite 2)

Les dérailleurs électriques: révolution ou simple tendance ? (suite 2)

Après avoir fait un peu d’histoire, puis présenté l’offre actuelle en matière de dérailleurs électriques, voici le moment de parler de leur utilisation.

3 – Les dérailleurs électriques: qu’apportent t’ils précisément ?

Après des années de recherche et de développement (R&D), de nombreux essais et plusieurs tentatives de mise sur le marché, le dérailleur électrique est aujourd’hui au point. Les produits que proposent les deux leaders mondiaux de la transmission sont très intéressants. C’est vraiment une avancée technologique importante. D’ailleurs, on ne devrait plus parler de dérailleurs électriques mais carrément de dérailleurs électroniques, vu le niveau technique atteint: calculateur électronique chez SHIMANO, interface chez CAMPAGNOLO.

31 – Les avantages

Le premier avantage de la gestion électronique d’une transmission est la rapidité des changements de rapports. Le temps est quasiment divisé par deux. Cela est dû au fait qu’il suffit d’une légère pression sur les touches pour changer de vitesse. Pas besoin de forcer (un tant soit peu) sur les leviers de commande comme dans un système mécanique. Les boutons sont suffisamment grands pour ne pas hésiter lorsqu’on cherche où mettre le doigt.

Les changements de braquets se font avec une grande précision, et la technologie est très fiable. Cette vitesse d’exécution incite en fait à changer de braquet plus souvent, ce qui est globalement un avantage.

Toujours au niveau des avantages, on indiquera que:

 – le réglage de l’alignement dérailleurs/plateaux/chaîne et l’ indexation s’effectue automatiquement. Le dérailleur AV s’aligne de façon automatique en fonction du postionnement du dérailleur AR. Cela évite de cliquer pour réajuster la fourchette du dérailleur AV et éviter les frottements de chaîne.

– on peut changer plusieurs vitesses à la fois; par exemple, pour « sauter » 3 pignons, on fera 3 clics consécutifs.

– le passage des câbles électriques s’effectue à l’intérieur du cadre. On peut penser que les transmissions électroniques fonctionneront à l’avenir sans fils électriques.

– au niveau de l’autonomie, sachez qu’elle est de 1000 kms avec le maintien de 100% de puissance disponible. Shimano, à titre d’exemple, indique qu’on peut aller beaucoup plus loin. Le principe retenu est que, lorsque la charge de la batterie baisse, c’est toujours le dérailleur AV qui se coupe le premier.

32 – Les contreparties

Généralement, lorsqu’on cite les avantages d’un système, l’honnêteté intellectuelle impose de parler aussi des inconvénients. En l’espèce, je préfère parler des contreparties aux avantages car les conséquences indiquées ci-après peuvent être appréciées de façon fort différente selon les personnes.  Ainsi, comme le dit le philosophe « ça dépend de l’idée qu’on s’en fait par rapport au niveau où on se place« . Bref, pour moi il n’y a pas d’inconvénients, mais seulement des conséquences à prendre en compte.

Commençons par la batterie qui, pour certains, est disgrâcieuse du point de vue esthétique !  On peut la placer sous le cadre, mais problème de protection ! (boue, chocs). En revanche, elle ajoute du poids, mais tout est relatif: 68 grammes pour les dernières batteries de SHIMANO. La batterie, positionnée sur la poutre diagonale du cadre, gène un peu l’utilisation du bidon.

En revanche, il faut penser à son état de charge. Sachez que la recharge de la batterie vide nécessité 1h30. Et, toujours chez SHIMANO, les batteries sont garanties jusqu’à 500 charges. Qe quoi voir venir !

En outre, les cadres actuels ne sont pas adaptés à la transmission électrique. Cela ne veut pas dire qu’une telle installation n’est pas possible, mais il faudra composer avec les contraintes par rapport à l’existant d’un cadre dit classique.

Dans tous les cas, le montage est délicat, plutôt pointu. Il est donc préférable de passer par un vélociste. La contrepartie est que la possibilité de procéder soi-même aux réparations est réduite.

Une autre façon de voir les choses est que l’avénement du dérailleur électrique est une bonne chose pour les vélocistes et boutiques spécialisées. Sur le plan économique pur, c’est très bien pour maintenir et développer ce qu’on appelle le petit commerce.

En fin, n’oublions pas que, outre une petite augmentation du poids du vélo en comparaison de la transmission mécanique de même niveau, le coût de l’opération est aussi plus élevé.

 4 – En forme de conclusion: quelle perspective pour le cyclisme de masse ?

Une fois passés en revue tous les éléments ci-dessus, la conclusion est, à mes yeux, sans équivoque. Le dérailleur électrique est un gros plus dont ne peuvent plus se passer tous les cyclistes qui l’ont essayé. En effet, une fois les manettes bien en mains – ces nouveaux systèmes demandent un petit temps d’adaptation – difficile de revenir aux dérailleurs mécaniques.

L’avenir s’écrit déjà au présent pour les coureurs professionnels: beaucoup d’entre eux étaient équipés d’une transmission electrique au cours de la saison 2012 et notamment sur le Tour de France. Parmi les 22 équipes ayant participé à cette épreuve, 17 roulaient sur des vélos munis d’une transmission électrique, dont 13 en SHIMANO Di2 (vélos TREK, LAPIERRE, SCOTT …) , et 4 en CAMPAGNOLO EPS (vélo WILIER …).

Maintenant, quid du cyclisme de masse ?  Soyons clair, ce n’est pas la transmission électrique qui fera de nous un as. La plupart d’entre nous continuera à pratiquer son sport favori avec une transmission mécanique, encore pendant pas mal de temps. Mais on a toujours le droit de rêver et de se faire plaisir si le budget suit. 

Bref, on peut penser que les cyclosportifs de très bon ou haut niveau auront à coeur – parmi d’autres pratiquants – de passer à cette technologie de pointe, pour disposer d’un équipement au top. A cet égard, l’arrivée sur le marché de l’Ultegra Di2 de SHIMANO et de l’Athéna EPS de CAMPAGNOLO, plus attractifs sur le plan financier tout en étant excellents techniquement parlant (mais un peu plus lourds que les transmissions du haut de la gamme), facilitera la démocratisation du dérailleur électrique. On peut s’attendre aussi à ce que ces géants fassent évoluer leurs produits de gamme inférieurs au tout électrique (tels le 105 chez SHIMANO et le Centaur chez CAMPAGNOLO). De même, nul doute que la concurrence s’y mettra également, tels SRAM ou TISO.

En  conclusion, je laisserai à chacun le soin d’estimer s’il s’agit d’une révolution ou non. En tout cas, effet de mode ou simple tendance, certainement pas. L’apparition du dérailleur électrique constitue une véritable et forte évolution, sans doute la plus importante depuis pas mal d’années dans le monde de la transmission de nos chères machines. Et qui sait, peut-être que dans 5 ans tous les vélos moyenne et haut de gamme seront vendus avec une transmission électrique.

 

3 réactions au sujet de « Les dérailleurs électriques: révolution ou simple tendance ? (suite 2) »

  1. Bonjour, l’utilisation de dérailleur électrique ou électronique sur les vélos des professionnels ne cache-il pas dans les années avenir la possibilité d’utiliser aussi un moteur ? l’arbre qui cache la foret.
    J’ai beaucoup de respect pour les coureurs mais le doute subsiste pour certains.

  2. Bonjour,
    Le vélo de course équipé d’un moteur d’assistance électrique existe déjà (voir le cas de Femke van den Driessche en championnat du monde de cyclo-cross 2016), de toute façon. Aussi, je ne pense pas que cela change le problème de fond. C’est d’abord une question d’éthique sportive, mais comme il y aura toujours des tricheurs – l’être humain est ce qu’il est – les organisateurs de course (y compris au niveau départemental) doivent faire des contrôles, en premier lieu visuels. En cas de moteur destiné à apporter une assistance au pédalage, il y a présence de poussoirs, ceux-ci pouvant être dissimulés en différents endroits, mais à proximité des doigts.
    Mais je ne vois pas de corrélation directe entre dérailleur électronique et assistance au pédalage. Enfin, pour le moment.
    Cordialement,
    Louis

    1. Ben si il y a une corrélation. Ce dérailleur électrique n’a objectivement qu’un intérêt extrêmement limité et confère au gadget. Mais il a l’énorme avantage de justifier l’existence de batteries et des câbles électriques sur le vélo.

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