Vélo: les plateaux ovales

Vélo: les plateaux ovales

Contrairement à ce que l’on pense lorsqu’on débute le sport vélo, pédaler rond n’est pas si évident que cela. Certes, avec un pédalier classique, le tour de manivelle trace un cercle parfait. Cependant, pédaler rond c’est faire un tour à rythme constant. Or, lorsque le pied parvient au sommet du plateau (manivelle verticale), il y a une brève cassure de rythme. Pour l’effacer, il faut pousser avec plus de force. A l’inverse, quand la pédale est à l’horizontal (vers l’avant), l’effet levier est maximal et la pédale va descendre rapidement.

Au début de la pratique du vélo, on peut avoir tendance à se focaliser sur un seul pied, le droit par exemple. Dans ce cas, on appuie pour descendre sans problème, puis on remonte tant bien que mal par l’arrière et, une fois passé ce fameux point mort du haut, on peut à nouveau exercer une force suffisante pour poursuivre sa progression. Se concentrer alternativement sur chacun des 2 pieds n’est pas facile. En revanche, lorsque le pied droit arrive au point mort du bas, on peut se concentrer sur la remontée par l’arrière et ainsi éviter de faiblir. Dans les années 1960, j’ai souvent entendu dire que l’une des forces de Jacques ANQUETIL dans les contre-la-montre était qu’il était capable de tirer chacun des pieds de bas en haut (en arrière donc) avec la même force qu’il mettait pour appuyer en avant dans l’autre sens de la rotation. J’ai essayé à diverses reprises de le faire: j’avoue que cela demande beaucoup de concentration et que cela accroit les douleurs aux mollets. Mais la vitesse de déplacement augmente, c’est vrai.

Jacques ANQUETIL lors d'un contre-la-montre

Bref, pour augmenter la productivité de chaque tour de pédalier à dépense d’énergie égale, il faut d’abord travailler son coup de pédale. Et, pour aider le cycliste dans cette quête de performance, des ingénieurs se sont penchés depuis longtemps sur la façon d’effacer, ou à tout le moins de limiter, les effets des points morts du haut et du bas de la rotation du pédalier. C’est avec cet espoir que sont apparus les plateaux ovales.

Le concept de base du plateau ovoïde, c’est enlever des dents du plateau aux endroits où le cycliste va manquer de force pour passer les points morts du haut et du bas, et en ajouter là où la force est optimale, c’est-à-dire à l’horizontal.

De la fin des années 1980 au début des années 1990, on a vu les coureurs professionnels s’équiper de plateaux ovales, avec le Shimano Biopace ou le Rotor Q-Rings. Mais avant le passage à l’an 2000, il n’y en avait presque plus car l’avantage attendu de tels pédaliers n’apparaissait pas évident à l’époque.

Cependant, depuis 5 ou 6 ans, le plateau ovoïde est revenu en grâce. Aujourd’hui, l’offre est réelle puisque plusieurs fabricants en proposent, chacun avec ses spécificités.

Plateau ovale BIO CONCEPT de STRONGLIGHT

Ces plateaux sont en alu 7075 T6. Le revêtement est céramique (plus de dureté, et donc de longévité); une couche téflon (anti-abrasif) est imprégnée.

Plateaux Stronglight Bio-Concept

De l’ordre de 94 grammes pour les 2 plateaux, le coût est inférieur à 130 €.

La forme des 2 pédaliers correspond à un rond légérement écrasé. Sont proposés 4 ensembles allant du 53/39 au 52/42. Lors du montage, le réglage est assez délicat.

Stronglight indique qu’un gain de puissance de l’ordre de 4,5 % est possible.

Selon des pratiquants qui ont éssayé ces plateaux, les premières sorties sont plutôt traumatisantes: douleurs aux quadriceps vers le genou. Par ailleurs, il faut avoir effectué un certain nombre de kilomètres pour oublier l’augmentation du diamètre du plateau au moment où l’on a le plus de force pour appuyer sur la pédale. Le temps d’adaptation passé, les impressions sont favorables, surtout sur le plat.

Plateau O’SYMETRIC

Ici, le rond des plateaux est vraiment écrasé. Le concepteur a déterminé un profil différent pour la descente de la pédale et pour la montée, pour tenir compte de la force de la jambe qui différe en fonction de la position de la manivelle dans l’espace.  Concrétement, pour un plateau de 54 dents, le rayon au niveau des 2 points morts (haut et bas) équivaut à un 50 dents sur un plateau rond. Entre ces 2 points, le rayon augmente en même temps que la puissance de la jambe.

Plateaux Osymetric

 Les 2 plateaux sont plus lourds, de 140 à 155 grammes slon le choix des plateaux, le prix de l’ordre de 180 €. L’offre tient compte des spécificités (dimension des entraxes) des équipementiers: Campagnolo, Shimano, FSA, Sram. Pour simplifier, cela va du 54/44 au 50/38.

A l’usage, ce matériel savère très efficace, tant sur le plat qu’en montée. On se met à rouler un peu plus vite.

Parmi les coureurs professionnels, Bradley WIGGINS est un fidèle des plateaux O’Symetric. Ces produits sont aussi très utilisés par les triathètes. Des champions de France et du Monde de ces dernières années en étaient équipés.

Plateau OGIVAL RING

Bernard HINAULT utilise cet équipement qui présente la particularité d’être atypique par rapport aux autres. En effet, les plateaux sont très pointus, un peu comme un balon de rugby. C’est très curieux visuellement. La variation de rayon est en effet de 21.4 % en plus ou en moins.

Plateau Ogival Ring

Le poids total approche des 140 grammes (grand plateau de 50 dents), et le coût est proche des 200 €.

Qu’en est-il de l’utilisation ?  Le commentaire que j’en ai lu est très favorable: fluidité, amélioration de la cadence, montée agréable. Il n’y a qu’en démarrage que l’impression est bizarre: sensation de pédaler dans le vide.

Quant à Bernard HINAULT, il déclare notamment que « ce sont des plateaux à géomètrie variable, exactement comme on en a tous rêvé: un grand braquet quand on pouse et un petit braquet pour passer les points morts et cela sans aucun à-coup. Quand je monte un col avec, les jambes ne brûlent pas et cela me permet de relancer aussitôt le col franchi. Sur le plat, j’enroule mieux, la variation se fait régulièrement et c’est imperceptible. » (Source: site de ogivalring).

Plateau ROTOR Q-RINGS

Ces plateaux sont les plus connus. Plusieurs coureurs ont gagné des épreuves ainsi équipés, notamment Carlos SASTRE. D’un poids supérieur à 160 grammes, et d’un coût se situant un peu en-dessous des 200 €, ils sont proposés pour équiper aussi Campagnolo que Shimano, FSA ou Sram. Selon les offres, les combinaisons varient de 53/40 à 50/36.

La forme des plateaux est ovoïde. Selon la zone, le diamètre du plateau varie nettement, correspondant par exemple à une plage de 51 à 56 dents. Ce produit peut se monter de différente manière, c’est-à-dire que l’on peut faire varier l’emplacement de la zone de force en fonction de l’utilisateur.

Passé les premières sorties qui occasionnent des douleurs dans les jambes, on s’aperçoit qu’on emmène plus facilement un plus gros braquet. Mais il faut se montrer raisonnable afin de ne pas le payer à un moment où à un autre. Mais globalement, l’avis des utilisateurs s’avère positif.

 

Alors, qu’en pensez-vous ? Allez-vous céder à la tentation de rouler avec des plateaux ovoïdes ? Pour suivre une certaine mode, essayer tout simplement pour se rendre compte par soi-même ou viser réellement une amélioration de vos performances ?

Personnellement, j’aimerai bien essayer l’un ou l’autre de ces produits. L’occasion se présentera peut-être …

 

 

10 réactions au sujet de « Vélo: les plateaux ovales »

  1. Merci pour cet article. Très instructif, juste ce qu’il me fallait pour cibler le produit le plus adapté.
    Je suis plus que tenté pour équiper mon tandem qui est encore en fabrication et donc pas encore équipé…
    En cette heure où les plateaux à géométrie variable font la différence sous les jambes de Wiggo et Froome, ça donne vraiment à réfléchir. 😉

  2. En 1981 j’ai équipé mon premier vélo de course avec un plateau ovale, et la première sensation est que les pédales semble ne plus être alignées comme s’il y avait du jeu dans la clavette. Mais rapidement le rythme se trouve et ce n’est pas qu’une impression d’un meilleur rendement, les attaques sont plus franches, la vitesse de croisière est rapidement atteinte et l’augmentation de la vitesse et flagrante.
    Juste retour à cela; la fatigue qui arrive plus vite car l’effort devient constant. Il faut donc revoir ça copie en matière de distance et reprendre l’entrainement d’une autre manière.
    Quoi qu’il en soit, perso. je n’en changerai plus…

  3. J’ai essayé le Stronglight, un plateau récupéré d’une personne qui n’aime pas du tout les plateaux ovales. Ca surprend les toutes premières minutes mais je trouve qu’on s’y fait vite et au final, je n’ai pas moins bien grimpé les cols que d’habitude. Je n’ai pas remarqué plus de fatigue. Alors est-ce dû à ma bonne forme ou une vraie petite amélioration dû au plateau ? Il faudra que j’approfondisse. D’ailleurs pour 2013, j’ai décidé de renouveler mon jeu de plateaux, je compte acheté 4 plateaux Rotor. J’étais très perplexe sur ce genre de plateau au départ mais après cet essai, je compte bien y approfondir. Ca le plaît bien. Je n’ai pas encore fait de grande comparaison de performance avec les plateaux ronds, je vais voir ça pour 2013.

    1. Je pense que le plus simple est d’en parler à un vélociste. Est-ce possible techniquement ? Pourquoi pas. Un plateau ovale apporte t’il un plus à un BMX ? Je l’ignore.
      Bonne chance.

      1. Je ne peux que confirmer ma réponse ci-dessus du 6 août. Je viens de consulter les sites de Rotor et O’Symétric: les plateaux ovales proposés sont destinés aux vélos de route et aux VTT. Rien n’est indiqué pour les BMX. Mais je vous conseille de demander conseil à un bon vélociste, à toutes fins utiles.

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